Visite de Barry NEEDHAM LE 19 juin 2006
 
 
Barry NEEDHAM devant son avion
 

Barry NEEDHAM est un survivant du squadron 412, abattu par la flak le 7 juillet 1944 au dessus de Bons-Tassilly dans le Calvados était depuis 62 ans à la recherche de son avion un Spitfire IX. Aujourd'hui 19 juin 2006, grâce aux recherches de L'ASSOCIATION NORMANDE DU SOUVENIR  AERIEN 39/45 ORNE-MAINE, c'est maintenant chose faite, avec les témoins de l'époque nous avons réussi à localiser l'épave de l'avion en sa présence et celle de sa famille.

Le matin de ce même jour une surprise attendait Monsieur NEEDHAM, grâce à un membre de L'ANSA, Monsieur RAINFROY de Falaise un survol de la zone du crash lui était offert sur un avion de l'aéroclub de Falaise, notre vétéran qui n'avait pas touché à un manche à balais depuis 1946 a pris les commandes et a prouvé que malgré ses 86 ans et le temps écoulé il était encore capable de piloter un avion, à la surprise du pilote de l'aéroclub.

L'après-midi nous avons entrepris les recherches de l'épave et son extraction, c'est avec une certaine émotion qu'il a vu apparaître les premières pièces de son avion, deux mitrailleuses de 7,70mm et un canon de 20mm, ensuite ce fut un enchaînement de divers morceaux plus ou moins importants, dont le moteur. A un moment donné sur une tôle d'aluminium apparaissait peint le numéro de serial, c'était bien son Spitfire qu'il recherchait depuis 62 ans, vous imaginez sa joie et celle de sa famille.
Maintenant il va pouvoir rentrer au Canada l'esprit libre.

 
 
Barry NEEDHAM et un membre de l'ANSA avec l'un des canons de 20mm de son avion 
 
RECIT DE MONSIEUR Elie LEMARCHAND

7 juillet 1944.
 
Vers 13 ou 14h, début d'après-midi, un avion tourne au-dessus de Bons-Tassilly … La DCA tire, nous sortons pour voir … L'avion est touché, il tombe en flammes. Le pilote s'éjecte, descend à travers les flammes et pour cette raison, il est gravement brûlé au visage et ailleurs sur le corps.
Le pilote descend, tombe dans un petit bois de l'autre  côté de la route, derrière le lavoir de Bons-Tassilly.
L'avion s'écrase, non loin de là, entre la route de Caen à Falaise et le Laizon, dans les marais formés par le Laizon. (Près de là passe maintenant la nouvelle route 2 fois 2 voies, de Falaise à Caen et on trouve aussi la station d'épuration de Bons-Tassilly).
A ce moment le pilote se dépêtre au travers des bosquets derrière le lavoir. C'est alors qu'en même temps, Mr Guy Oriot qui l'a aperçu, se dirige vers lui et peut-être lui fait signe de se cacher dans le bois derrière le lavoir… Mais … voilà les Allemands basés à Potigny qui arrivent en auto, aperçoivent Mr Oriot qui se dirige vers le pilote … Arrêtés tous les deux, l'histoire va commencer, car Mr Oriot est sans doute soupçonné de vouloir aider le pilote à se sauver. Le pilote, lui est fait prisonnier, mais que venait faire là Mr Oriot … Pour les Allemands, peut-être un " résistant " qui cherchait à cacher le pilote… Toujours est-il qu'ils sont emmenés tous les deux à la ferme du château de Bons-Tassilly où réside pour un temps, le colonel qui commandait la D.C.A. qui a abattu l'avion.
Les Allemands qui arrivent à la ferme du château avec les 2 hommes sont des S.S. Il s'ensuit une âpre discussion entre les 2 parties Wehrmacht et S.S. Si bien que ce sont les S.S. qui emmènent Mr Oriot et le pilote à leur quartier général qui se trouve à Beaumais… On pense alors que pour Mr Oriot , cela est grave et qu'il aura du mal à s'en sortir… que ça peut, peut-être, lui coûter la vie (Les S.S. ne badinent pas ).
Donc le propriétaire du château qui héberge le Colonel, pense qu'il faut essayer d'arranger la chose. Il va le trouver dans le salon où il a installé son P.C. et essaye de le convaincre que Mr Oriot n'est pour rien dans cette affaire et pendant une bonne partie de l'après-midi, c'est à coups de café arrosé de calvados que finalement le Colonel prend son téléphone en direction de Beaumais et … on ne sait pas ce qu'il a pu dire pour convaincre les S.S. que Mr Oriot n'avait rien à voir dans cette affaire.
 
(La suite me fût racontée par Mr Oriot lui-même)
Après avoir été un peu malmené, Mr Oriot est finalement libéré dans la soirée … Vous pensez bien, il n'a pas demandé son reste et a pris à pied la route, sans doute par les plus courts chemins de Beaumais à Bons-Tassilly … Mais voilà, que quelques kilomètres plus loin, il est rattrapé par la voiture des S.S. … Son sang ne fit qu'un tour et il pensa tout de suite : 'cette fois mon compte est bon' … Eh bien non !! Ils venaient s'excuser de l'avoir malmené et lui proposèrent de le ramener à Bons-Tassilly … ce qui fut fait …
Le lendemain les parents de Mr Oriot vinrent chez le propriétaire du château pour le remercier de son intervention auprès du Colonel et lui apportèrent quelque chose pour le remercier.
 
Cet avion, je ne sais pas si il s'agissait d'un Spitfire … A-t-il été enlevé par la suite par les entreprises qui enlevaient les épaves de la guerre ? …
Mr Oriot est maintenant décédé depuis quelques années, le propriétaire du château est lui aussi décédé ainsi que pas mal des membres de sa famille. Il reste encore des petits-enfants qui avaient à ce moment 3, 4, 5 ou 7 ans, peut-être ne se souviennent-ils pas de cette affaire. Donc peu de témoins… Moi, si je m'en souviens, c'est parce que j'étais 'camouflé, évadé du STO' et que je travaillais dans cette ferme du château de Bons-Tassilly. J'avais 21 ans, il ne fallait pas trop traîner près de ces gens de la S.S. ou autres. Mais je me souviens très bien de ce pilote canadien qui avait des brûlures au visage et ailleurs, est-ce lui ?
Bien sûr la zone sud-ouest de Falaise ne dit pas grand-chose. Un avion qui virevolte à la recherche de sa proie et en plus cherche à éviter la D.C.A. ne peut se situer à quelques dizaines de kilomètres près …
J'ajoute pour la petite histoire, que Mr H. le propriétaire du château, familiarisait un peu avec le Colonel commandant des batteries de D.C.A. de la région. Il était installé ici depuis les débuts du débarquement et c'est par lui que, chaque matin, Mr H. avait des nouvelles des opérations militaires sur les côtes normandes. Comme quoi, il est quelquefois utile de familiariser (mais pas collaborer …) avec l'ennemi, quand il s'agit de sauver la vie de quelqu'un.
Cette histoire a quand même duré une partie de l'après-midi et c'est bien vrai, comme le souligne dans l'article des Nouvelles de Falaise Mr Barry Needham (le pilote), la mère et le père de Mr Oriot sont venus pour implorer le Colonel en faveur de leur fils. Mais ne sachant pas parler allemand et le Colonel, pas français, c'est Mr H. de nationalité belge qui, en quelque sorte, servi d'interprète … Bien sûr Mr Barry Needham ne savait pas ce que faisait ce jeune homme près de lui dans la voiture des Allemands. Lui, blessé, brûlé au visage, se cachant dans le bois, peut-être n'y voyant pas trop clair, n'a peut-être, même pas vu Mr Oriot. C'est normal qu'il se demande qui était ce jeune homme. Mr Oriot avait, je crois, 21 ans à l'époque.
Je pense qu'une partie de la réponse est dans ce récit.
 
Elie Lemarchand (14170 Epaney)

Ce récit a permit à Mr Barry Needham, revenu tout exprès du Saskatchewan (au milieu du Canada), de retrouver des éléments de son avion. Le 19 juin 2006 on a exhumé le moteur du spitfire, un canon, 2 mitrailleuses, la roulette arrière (que Mr Needham à ramené chez lui) et quelques autres pièces qui permettaient d'identifier formellement l'avion de Mr Needham.

A l'occasion de cette découverte, une entrevue eu lieu avec le pilote Barry Needham.
Au cours de cette entrevue, quelqu'un a lu ce poème ("Ballade de la Force aérienne") :

J'ai quitté les entraves terrestres et dansé dans le ciel sur mes ailes argentées.
Je suis monté et ai rejoint un joyeux chaos de nuages découpés par des rais de lumière,
Et j'ai vu des centaines de choses merveilleuses dont vous n'avez même jamais rêvé.
J'ai glissé, plané, me suis balancé là haut dans le silence éblouissant de la lumière,
Suspendu dans le ciel, j'ai poursuivi les vents hurlants,
Et lancé ma piaffante monture dans des espaces insondables.
Haut, toujours plus haut, dans un délire bleu et brûlant,
J'ai survolé des sommets balayés par les tempêtes,
Là où nulle alouette, nul aigle même, n'ont jamais volé,
Et alors qu'en silence, mon âme s'élevait vers le sanctuaire céleste,
J'ai tendu la main et j'ai touché le visage de Dieu.

Ce poème fût écrit en septembre 1941 par l'officier-pilote John Gillespie Magee Jr.
 
L'officier-pilote Magee de l'ARC fut tué en service commandé le 11 décembre 1941, à l'âge de 19 ans. Seulement 3 jours après l'entrée en guerre des Etats-Unis. Le Spitfire sur lequel il volait fut percuté par un Oxford Trainer sur lequel volait Ernest Aubrey. Cet accident eu lieu au dessus du village de Roxholm dans la province du Lincolnshire à environ 400 pieds, à 11h30.
 
Et là Mr Barry Neddham dit " j'étais avec eux ce jour là … " Emouvante coïncidence … Il connaissait donc l'auteur du poème et avait volé avec lui … et le jour de l'accident qui coûta la vie à l'officier-pilote Magee, il était encore avec lui.

Quelques vers de ce poème furent également lus par Ronald Reagan lors du tragique accident de Challenger 7
 
Aviation royale du Canada
Wynyard (Saskatchewan)

M. W. Barry Needham est né le 8 août 1920 à Simpson, en Saskatchewan. Durant sa jeunesse, son père était propriétaire d'un journal hebdomadaire à Wynyard. Avant de s'enrôler dans les Forces canadiennes, il a donc travaillé comme imprimeur pour le Wynyard Advance.

M. Needham s'est enrôlé le 28 septembre 1940 à Regina. Il avait alors le goût de l'aventure et de voyager. Il a servi dans les rangs du 412e Escadron (Spitfire). Le jour J, il a effectué trois sorties, notamment pour attaquer des cibles au sol. Le 7 juillet 1944, l'appareil de M. Needham a été abattu. M. Needham a été capturé et détenu dans un hôpital de fortune allemand pendant 34 jours. Après avoir été libéré, il est rentré au Canada et il a joint les rangs de l'Escadron transocéanique. Il a pris sa retraite du service en octobre 1946.

En 1948, il est retourné à Wynyard en 1948 et il a pris en charge le Wynyard Advance. Il a pris sa retraite en 1977. M. Needham est impliqué dans différentes associations. Il est le secrétaire de sa filiale de la Légion royale canadienne depuis les 25 dernières années. Il est également le secrétaire de la Canadian Fighter Pilots Association (Western Wing), et il est membre de l'Association de la Force aérienne du Canada.

M. Needham et son épouse ont quatre enfants, trois petits-enfants et trois arrière-petits-enfants.