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Hommage à l'équipage
B-17 tombé sur la commune le 8 août 1944.
Ségrie Fontaine le 19 juin
2005
En ce matin du 8 août 1944,
trois groupes de 36 B 17 " forteresses volantes " du 398ème groupe de chasse de
la 8ème USAAF décollent de leurs base du Royaume-Uni pour une mission de
bombardement du secteur de Cauvicourt Breteville-le-Rabet (Calvados). Il s'agit
d'appuyer les troupes britanniques au sol dans le cadre de la mission
Totalize.
La formation est conduite par le B 17 de la 603ème escadrille
piloté par le cap Robert Hopkins. A ses côtés le capitaine Meyer " Buddy "
Wagner, commandant cette escadrille depuis deux mois, qui occupe le siège du
co-pilote. Pour cette mission, tous les membres composant habituellement
l'équipage ne sont pas présents. Les dix hommes à bord proviennent en réalité de
quatre équipages différents. Ce sont : Meyer WAGNER, commandant de
l'avion, du Texas. Robert HOPKINS, pilote, de l'Illinois. (Sept des dix
frères de Bob Hopkins sont alors mobilisés dans des unités combattantes. Tous
survivront à la guerre. Au cours de la décennie suivante, les trois plus jeunes
combattront en Corée et reviendront également sains et saufs). Frederick
KUSHERA, mitrailleur de queue, de Californie. Vonnerlin WERNECKE, navigateur,
de l'état de Washington. Thomas STITZ, navigateur, de l'Ohio. Charles
ARNOLD, bombardier, de l'Illinois. William GERMILLER, mitrailleur, de l'Etat
de New York. Raymond GIBEAU, opérateur radio et mitrailleur, du
Kansas. John WERNER, mitrailleur latéral, de Californie. James HOCHADEL, mitrailleur, de
l'Ohio.
Deux à trois minutes avant
d'atteindre l'objectif assigné, le B 17 du capitaine Robert Hopkins est touché
par quatre coups directs de la Flak. Les moteurs deux et quatre sont en feu. Le
poste de pilotage a également été atteint. Bob Hopkins et Meyer Wagner sont
blessés, les appareils de bord et le système radio sont détériorés. L'avion
rompt la formation en virant à droite, se déleste de ses bombes, avant que le
capitaine Wagner ne donne l'ordre d'évacuation.
En quelques secondes
Hopkins a rejoint la trappe de secours et aide Arnold puis Wernecke à
s'extraire. Hochadel, Germiller, Gibeau et Werner ont également réussi à évacuer
l'appareil par l'un des sabords. Faisant preuve de sang-froid, le capitaine
Wagner demeure aux commandes le temps suffisant pour permettre à ses boys de
sauter avant d'évacuer le dernier.
Dix corolles blanches se
déploient à intervalles très rapprochés à une altitude alors estimée à 13.000
pieds (4300 mètres environ). Tous sans exception subissent des tirs nourris
d'armes automatiques et de fusils.
Touché à mort, le B 17
s'abîme sur le territoire de la commune de Ségrie-Fontaine (Orne), au lieu-dit
la Bordelière, et explose. Il est 13 heures.
Dès leur arrivée au sol,
sept des membres d'équipage sont aussitôt capturés. Ayant réussi dans un premier
temps à échapper aux recherches, le capitaine Hopkins est pris le lendemain
alors qu'il tente de s'approcher d'une maison pour demander asile. Après une
intervention chirurgicale nécessitée par sa blessure au bras, Robert Hopkins est
emmené en Allemagne. Interné en Prusse, au Stalag Luft I, il retrouve dans ce
camp Kushera et Stitz. Trois autres membres d'équipage, Germiller, Gibeau et
Werner sont envoyés au Stalag Luft IV en Poméranie. Pour ces six aviateurs, la
guerre ne se terminera qu'en 1945. Le capitaine Wagner, ainsi que Vernecke,
blessés tous les deux aux jambes, sont emmenés à Paris dans un hôpital de la
Lufwaffe puis seront délivrés par l'avance alliée avant d'être rapatriés fin
août 1944.
Deux hommes manquent
cependant à l'appel.
James Hochadel est mort
près du Val David, à Cahan (Orne), atteint d'une balle en pleine tête pendant sa
descente en parachute. Les Allemands ont ensuite ramené son corps sur une
civière à la ferme de la Marécotière, à Berjou (Orne), où ils étaient cantonnés,
avant de procéder à son inhumation dans un herbage. Il repose aujourd'hui au
cimetière militaire américain de Colleville-Saint-Laurent
(Calvados).
Originaire de Youngstown
dans l'Etat de l'Ohio, où il vit avec ses parents, ses deux frères et sa sœur,
le jeune Hochadel, répond à l'appel de la Patrie en armes et contracte un
engagement dans l'armée de l'Air en octobre 1942. Ses dernières affectations aux
Etats-Unis furent les centres d'instruction de Salt Lake City (Utah) puis de
Rapid City (Dakota du Sud) où son chemin croisa celui de Charles Arnold au sein
de la même escadrille.
Charles Arnold naquit en 1917
à Marseilles (Illinois) où il demeure lorsqu'il s'engage dans l'armée de l'Air
en octobre 1943. Son instruction achevée, il est versé au service actif en
janvier 1944. En quittant sa terre natale en avril 1944 à destination du
Royaume-Uni, le lieutenant Arnold laisse au pays son épouse et leur jeune
garçon.
Le lieutenant Charles
Arnold a été mitraillé pendant sa descente en parachute par des Allemands
cantonnés au village des Planches, à Cahan. Il est mort d'une balle dans la
tempe, auprès du passage à niveau du chemin au Moulin à environ 100 mètres du
hameau. Les Allemands ont ramené son corps à la vieille église avant de creuser
sa tombe sous un pommier, dans le champ au-dessus de la maison Leriche
appartenant au maire, M. de Saint-Pol. Deux rescapés de l'équipage, Kushera et
Stitz, ont su par les Allemands la fin tragique de leur camarade, puisque
ceux-ci leur ont montré sa plaque d'identité, sa chemise et sa Mae West troués
et ensanglantés. Charles Arnold repose aujourd'hui au cimetière de Saint-James
(Manche).
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